
Il y a cinquante ans, Fela Kuti créait l’afrobeat, un cocktail de jazz, de funk, de highlife et de rythmes yoruba, teinté de militantisme incandescent. Aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, l’afrobeats avec un “s” final qui change tout, est devenu l’un des genres les plus influents de la planète. Une musique de la fête née du chaos, qui unit Lagos, Londres, Accra, New York ou encore Paris dans une même pulsation.
🔁 D’une musique de résistance à un son global
L’afrobeat de Fela Kuti était un cri politique, un souffle rebelle. Les morceaux duraient parfois plus de 10 minutes, alternant solos fiévreux et diatribes contre l’État nigérian. L’afrobeats, quant à lui, est moins frontal, mais plus insaisissable. C’est un carrefour des rythmes afro-pop, du RnB, du dancehall, du hip-hop, du hiplife ghanéen, et même du funk brésilien ou de l’électro sud-africaine.Mais l’esprit de Fela Kuti n’est pas mort. Il a été reconfiguré, réinjecté dans les corps, dans les clubs, dans les playlists. Moins politique dans le fond, mais révolutionnaire dans la forme : l’afrobeats a démocratisé l’Afrique sur les ondes mondiales.
🌍 Le Nigeria, épicentre d’un séisme doux
Des artistes comme Wizkid, Burna Boy, Tems, Rema ou Davido ne sont pas de simples chanteurs. Ils sont ambassadeurs culturels d’un continent qui impose sa rythmique au monde. Chaque hit afrobeats devient un vecteur de fierté, une onde dansante qui traverse les frontières linguistiques, économiques ou raciales. C’est depuis Lagos, mégalopole électrique, que l’afrobeats a trouvé sa voix. Et c’est via les diasporas africaines de Londres, Houston ou Paris qu’il a trouvé sa caisse de résonance. Le son n’est plus exporté : il est consommé à la source et en streaming planétaire.
🎵 Une esthétique fluide, une langue métissée
L’afrobeats a ses codes : percussions syncopées, voix autotunées, mélodies lancinantes, langue hybride mêlant pidgin, anglais, yoruba ou igbo, et parfois même du français ou de l’espagnol. Mais il a surtout une philosophie du groove : faire danser, sans brutalité, sans arrogance. Un groove de l’intime, qui fonctionne aussi bien dans une voiture que sur une scène de festival.
✊ Une révolution douce mais solide
Alors que l’afrobeat de Fela parlait de feu, d’oppression et de révolte, l’afrobeats moderne parle souvent d’amour, de désir, de légèreté. Mais sous cette apparente douceur, il y a une vraie prise de pouvoir culturelle. Ce que Fela a conquis par la lutte, la génération actuelle l’impose par le style.Les artistes afrobeats ne demandent plus leur place. Ils dictent le tempo. Et le monde suit.
🔚 Conclusion : la boucle est bouclée, mais le cercle s’élargit
De Kalakuta à Coachella, des studios de Lagos aux clubs d’Amsterdam, l’héritage de Fela Kuti a muté, grandi, dansé et conquis. L’afrobeats, cinquante ans plus tard, est le prolongement vivant d’une mémoire musicale, métamorphosée par la modernité, mais toujours profondément africaine.
🎧 Là où Fela voulait éveiller, ses héritiers veulent connecter. Et les deux ont raison.