Shallipopi – Auracle
“Auracle” n’est pas un album : c’est une cosmogonie calibrée pour la rue, un manuel secret où Shallipopi redessine sa mythologie personnelle avec les outils de 2025 — l’afro-fusion électronique, la trap transcontinentale, et cette science du groove énigmatique qui fait sa signature.
Dès l’intro, on comprend que Shallipopi veut brouiller les frontières. Le projet ressemble à une porte qui s’ouvre sur un temple numérique : rythmes pulsés, chants presque rituels, adlibs qui claquent comme des symboles occultes. Il ne raconte plus sa ville — il la code, il la chiffre. Benin City devient une métropole imaginaire, traversée par des courants sonores venus d’Atlanta, Lagos, Kingston et Barcelone.
Auracle, c’est l’idée d’un oracle moderne, mais sous stéréo compressée : la sagesse passe par la danse, la prophétie s’écrit en 808, et les messages sont cachés dans des mélodies qui tournent comme des incantations. Shallipopi ne cherche pas la mondialisation : il la retourne. Il impose ses règles. C’est son univers qui se dilate, pas l’inverse.
Les feats — internationaux, prestigieux, inattendus — ne sont pas posés pour la vitrine : ils sont intégrés comme des esprits invités dans son sanctuaire sonore. Chacun ajoute une texture, une couleur, un souffle. On passe d’un couloir de chaleur afro à un escalier trap, puis à une salle saturée d’échos caribéens. Tout est fluide, tout est calculé.
Au final, “Auracle” fonctionne comme un totem audio, une pièce maîtresse dans la construction du personnage Shallipopi : mi-mage, mi-street kid, mi-entrepreneur de sa propre mythologie. L’album affirme une chose simple :
il n’est plus en train de prendre sa place — il est en train de construire sa dimension.



