Himra – DACHIBA KOUMGBA TCHAIBA : DALSHIM
Avec Dachiba Koumgba Tchaiba : Dalshim, Himra ne sort pas seulement un projet, il déploie un territoire, une mythologie personnelle où la rue d’Abidjan devient un dojo mental et spirituel. Le titre le dit déjà : Dachiba, c’est le cri, l’endurance, la survie ; Koumgba Tchaiba, c’est l’art de se relever ; Dalshim, c’est la transformation — un clin d’œil à la figure mystique du jeu vidéo, mais surtout une métaphore de l’homme qui étire sa destinée au-delà de ce que la vie lui avait assigné.
Himra impose ici une écriture nerveuse, à la fois ancrée dans la brutalité du quotidien et ouverte sur une dimension presque initiatique. La drill, chez lui, n’est pas qu’un code : c’est un rituel, un souffle, une langue parallèle qui raconte les cicatrices, les ascensions, les pièges et les promesses de la jeunesse ivoirienne. Le projet sonne comme un carnet de guerre poétique : rythmes sombres, basses écrasantes, flows coupants comme des machettes, mais toujours cette lueur — cet instinct — qui transforme chaque morceau en épreuve et en victoire.
La force de Dalshim réside dans son équilibre entre agressivité et mystique. Himra ne se contente pas de rapper : il incarne. Chaque track ressemble à une danse de feu, où la violence n’est jamais gratuite, mais le reflet d’un apprentissage intérieur. Il y a la rue, oui, mais aussi la distance qu’il prend avec elle, la maîtrise du corps, la maîtrise du mental — comme Dhalsim, qui combat sans toucher, Himra frappe loin, frappe juste, frappe vrai.
Ce projet scelle une étape : Himra passe du statut de révélation de la drill ivoirienne à celui de passeur, de narrateur d’un monde qu’on regarde trop rarement avec poésie.
Dachiba Koumgba Tchaiba : Dalshim est un disque qui parle aux racines, aux tripes et à la mémoire collective, un disque qui ne décrit pas seulement l’environnement — il le transfigure.
Un chapitre important, presque fondateur, dans la construction de l’identité artistique d’Himra.




