“GoodGirl”, La chute céleste d’une femme qui ne veut plus être sage

GOODGIRL LA – Goodgirl

Ce EP. est une vraie métamorphose.
Une traversée. Une onde douce qui s’infiltre dans les crevasses de la mémoire féminine collective. GoodGirl, ce n’est pas un surnom, c’est une provocation, un mot qu’on arrache à ceux qui l’ont trop prononcé. Le projet s’ouvre comme une chambre d’adolescente. On y entre doucement, on y entend les battements du cœur, les rires qu’on étouffe, les rêves collés au plafond. Mais cette fois, la chambre est vide. La fille est partie. Il ne reste que sa voix, flottante, qui plane au-dessus des souvenirs. GoodGirl LA ne chante pas pour séduire. Elle parle. Elle trace une ligne entre ce qu’on attendait d’elle et ce qu’elle est devenue. Chaque note contient un soupir ancien, chaque silence vibre comme une colère rentrée. Le beat ne domine jamais. Il suit, docile. Parce que c’est elle la voix principale. Pas le rythme. Pas le style. mais, Elle.

Au fil des titres, la douceur devient un piège. Sa voix caresse, mais les mots tranchent. Elle ne veut plus qu’on la félicite pour sa sagesse, son calme, sa beauté rangée. Elle veut déranger doucement, comme une fleur toxique. On pense à des poétesses silencieuses. À celles qu’on n’a pas écoutées quand elles disaient “je suis fatiguée de plaire.” Ici, GoodGirl LA ne cherche pas à briller. Elle s’éteint et renaît, dans un mouvement lent, comme une flamme sous la peau. Sur le dernier morceau, le son devient plus léger. Mais ce n’est pas de la joie. C’est du détachement. Elle a quitté la scène. Elle a jeté le costume de “good girl” dans un feu intérieur. Ce n’est plus un masque. C’est un linceul. Et elle s’en libère en flottant vers l’inconnu. On imagine un vaisseau spatial, une silhouette solitaire observant la Terre depuis le hublot. Ce n’est pas de la fuite. C’est une révolution tranquille. Elle ne revient pas pour expliquer. Elle part pour exister, loin des regards qui voudraient encore l’évaluer.

Ce disque est un miroir. Il ne dit pas “voici qui je suis”. Il dit, “et toi, qu’as-tu projeté sur moi ?”.
C’est une œuvre lente, sans slogan, sans morale. Juste une respiration féminine, libre, un souffle chaud dans un monde qui exige encore que les femmes murmurent.