Oxlade – OMALICHA

Derrière l’apparente douceur de OMALICHA, il y a un paradoxe intrigant : Oxlade ne parle pas seulement d’amour, il parle de guérison, de possession et de rite sacré. Oxlade, vêtu de superbe tenue haute en couleur et baignant dans une lumière presque divine, n’est pas un simple hasard. Il incarne une entité qui invoque quelque chose de divine. La femme (Omalicha) qu’il célèbre semble être une muse, mais aussi un double spirituel, presque une déesse Yoruba contemporaine. Ce n’est pas un clip de love story. C’est un rituel, où chaque regard est une incantation.
On remarque toutefois qu’il y a peu de contact tactile entre Oxlade et sa muse. Et quand il y en a, c’est toujours indirect (par le regard, l’espace, la lumière). Cela crée une tension mystique, comme si l’amour était un feu sacré qui ne peut être touché sans conséquences. C’est rare dans l’afropop, qui mise souvent sur le corps. Ici, on est dans l’invocation, pas la consommation. Oxlade ne “possède” pas Omalicha, il l’implore.
Le choix des décors (nature, tissus suspendus, vent, feuillage), les textures (lin, coton brut), et les couleurs (ocre, ivoire, vert) suggèrent un univers en dehors du temps, presque postcolonial et préchrétien. Ce n’est pas Lagos ou Accra qu’on filme. C’est un village du souvenir, l’Afrique d’avant les fractures, celle où l’amour se dit sans mots. Le clip est structuré de manière cyclique : début et fin semblent se rejoindre. Cela évoque la réincarnation du sentiment, la répétition du même amour à travers les âges. Il ne s’agit pas d’un amour ponctuel, mais d’un lien karmique.
OMALICHA n’est pas un simple single romantique. C’est une œuvre codée, à lire comme un texte sacré. Oxlade y parle d’amour, oui, mais d’un amour qui guérit, qui purifie, qui transcende l’ego. Ce clip n’est pas tourné pour séduire : il est là pour rappeler. Il fait penser à un griot du XXIe siècle, qui aurait troqué le tambour pour un micro autotuné.