Serge Beynaud, Créatair : l’élégance d’un retour réfléchi

Dans un paysage ivoirien où les tendances bougent aussi vite qu’un pas de coupé-décalé, Serge Beynaud ne court pas après l’instant. Il le façonne. Avec son nouvel album Créatair, attendu pour le 1ᵉʳ août 2025, il ne revient pas simplement pour faire danser. Il revient pour rappeler ce que danser veut dire. Le mot “Créatair” n’est pas un hasard. C’est une déclaration de rôle. Beynaud ne se pense pas comme un simple chanteur ou faiseur de tubes, il se positionne en créateur d’univers, d’esthétiques, de langages. À une époque où le bruit domine, il revendique la construction patiente, le goût du détail, l’art du dosage entre tradition et modernité. L’album s’annonce riche et varié. 18 titres, produits avec des beatmakers fidèles et précis (Herman Djedji, Zyfa, etc.), pour un voyage entre coupé-décalé épuré, afrobeat savamment dosé, bouyon moderne, et mouvances afro-swing. On n’est pas dans un empilement de tendances, mais dans une cartographie musicale réfléchie. Loin des “albums concepts” figés, Créatair s’annonce comme un patchwork organique, où chaque piste a son identité mais participe à un même souffle, l’élégance sonore d’un homme qui a tout vécu, mais continue d’évoluer.

L’un des moments forts de sa récente actualité réside dans une anecdote devenue virale, le tournage de son premier clip (Coupé Décalé) avec 50 000 F CFA, dans son salon. Ce retour aux origines, raconté sans fard, agit comme une piqûre de rappel à la jeune génération, le style naît souvent dans le manque, pas dans l’excès. Plus encore, il affirme aujourd’hui ne pas chercher le stade Houphouët-Boigny « pour le symbole », mais préfère viser le Parc des Expositions. Ce n’est pas de la modestie, c’est une philosophie de la construction. Beynaud ne veut pas frapper fort, il veut bâtir durablement. L’annonce de l’album s’accompagne d’un concert parisien majeur prévu pour le 20 octobre 2025 à l’Élysée Montmartre. Un événement qui célèbrera ses 10 ans de carrière, entouré de ses musiciens et danseurs. Ce retour sur scène n’est pas nostalgique. C’est une célébration maîtrisée de la longévité, un rappel qu’il est encore et toujours là, pas comme un monument figé, mais comme une force vivante. Là où beaucoup d’artistes s’alignent pour suivre le train d’un coupé-décalé transformé en piège algorithmique, Beynaud prend du recul. Il observe, il choisit, il filtre. Il parle peu, mais agit avec cohérence. À travers Créatair, il redonne au métier d’artiste une aura de responsabilité. Il n’est pas là pour suivre le tempo, il veut le réinventer.

Avec Créatair, Serge Beynaud s’apprête à livrer plus qu’un album. Il propose un manifeste artistique, une synthèse de son savoir-faire, de ses influences et de son héritage. Ce projet est l’aboutissement d’un parcours sincère, exigeant, résolument tourné vers la création, pas la réaction.

🎧 Ce n’est pas un retour. C’est une continuité. Et elle s’écrit avec maîtrise, patience et profondeur.