THEODORA – Mega BBL
Avec le projet “MEGA BBL” Theodora ne cherche pas à plaire aux codes de l’industrie musicale, elle les explose méthodiquement. Loin des formats classiques, elle propose 25 titres, fusionnant styles, énergies et influences de manière brutale et sensuelle à la fois.
Ce qui frappe immédiatement, c’est le refus de toute linéarité. MEGA BBL fait cohabiter des univers aussi variés que :
- le bouyon caribéen,
- l’hyperpop glitchée,
- des inspirations rumba et afrobeat,
- des détours par le drill, le dancehall, le DnB et même l’électro expérimentale.
C’est un chaos maîtrisé : un peu comme si Rosalía, Missy Elliott et Teto se retrouvaient en studio avec un producteur rave underground. L’effet est déroutant… mais captivant. Le titre MEGA BBL (référence à l’opération de chirurgie esthétique “Brazilian Butt Lift”) joue avec les clichés sur le corps, le genre et la performance. Theodora détourne les fantasmes de puissance féminine dictés par la pop culture, pour en faire un instrument de dérision et de pouvoir.
Des morceaux comme “BIG BOSS LADY”, “KONGOLESE SOUS BBL” ou encore “DO U WANNA?” sont plus que des bangers : ce sont des slogans, des coups de poing contre les normes esthétiques et les diktats masculins.
D’origine Franco-congolaise, elle est née en Suisse, et a grandi entre l’Afrique, l’Europe et le monde numérique. Cette pluralité se retrouve dans sa musique, qui refuse de se limiter à une seule culture. L’album a d’ailleurs été promu dans plusieurs capitales (Paris, Kinshasa, Lagos, Barcelone…), preuve de cette volonté d’incarner une pop diasporique, où les frontières musicales et identitaires sont brouillées.
On retrouve des collaborations de taille avec les artistes Juliette Armanet, Luidji, Jul ou encore Chilly Gonzales, preuve que Theodora navigue entre les sphères alternatives et mainstream avec une fluidité rare.
À retenir absolument :
BIG BOSS LADY – Autoportrait d’une femme qui ne s’excuse pas d’être puissante.
DO U WANNA? – Euphorie hyperpop et satire glamour.
KONGOLESE SOUS BBL – Hymne viral, savamment absurde et ironique.
MEGA BBL est un projet dense, exigeant, presque indigeste pour les oreilles formatées aux standards. Mais c’est justement sa force : Theodora crée une œuvre à son image – hybride, fière, indomptable. Ce n’est pas un album qu’on écoute passivement. C’est un espace de frictions, d’exploration, de transgression. Un ovni sonore qui pourrait bien devenir une référence pour une nouvelle génération d’artistes afropop et électroniques