
« Vous ne pouvez pas ignorer l’impact de Wizkid, il nous place en premier avant toute culture ou tradition, le colonialiste a pris notre âme, donc dans la plupart des pays d’Afrique, nous rêvons soit en portugais, soit en français, soit en anglais. », Femi Kuti, à propos du documentaire Long Live Lagos.
Dans cette déclaration puissante, Femi Kuti ne parle pas seulement d’un artiste. Il évoque une force culturelle. Une onde de choc. Un symbole d’émancipation africaine par la musique.
Le documentaire Long Live Lagos signé Wizkid n’est pas qu’un hommage à une ville, c’est une déclaration d’identité. À travers ses images et ses sons, il nous rappelle que l’Afrique ne doit plus se rêver à travers les langues et les structures imposées par le colonialisme. Le projet est un cri du cœur, une revendication esthétique et politique, se voir, s’écouter, se raconter par soi-même.
Wizkid, ambassadeur d’une Afrique moderne et décomplexée
Wizkid, de son vrai nom Ayodeji Balogun, est bien plus qu’une star de l’afrobeats. Il est devenu l’un des visages d’une Afrique contemporaine, fière, influente, qui exporte sa culture sans se renier. Dans Long Live Lagos, il célèbre ses racines, ses rues, ses sons, loin des clichés, loin des filtres. Lagos n’est plus un décor. C’est un personnage, une matrice.
Pour Femi Kuti, cette démarche est révolutionnaire. Car pendant trop longtemps, les Africains ont été obligés de passer par les langues coloniales pour s’exprimer, pour « rêver ». Le projet de Wizkid, lui, renverse cette dynamique, il place l’Afrique au centre, sans traduire ni adoucir. Il parle aux Africains dans leur propre langage culturel, et au monde en même temps.
Décoloniser les imaginaires
Ce que Femi Kuti dénonce, cette aliénation linguistique et culturelle, est au cœur d’un débat plus vaste, celui de la décolonisation des imaginaires. Quand il dit que « le colonialiste a pris notre âme », il pointe un phénomène invisible mais profond, la perte de repères identitaires, remplacés par des références extérieures.
Wizkid, à sa manière, répare. Il ne renie pas l’influence du monde, mais il recentre l’Afrique dans le récit global. Il crée une œuvre qui parle de Lagos à Lagos, mais qui résonne à Londres, à Paris, à Rio.
Conclusion : une culture en reconquête
Long Live Lagos n’est pas seulement un documentaire musical. C’est une œuvre politique. Un geste de fierté. Une tentative de réappropriation. Et Femi Kuti, héritier lui-même d’un combat artistique pour l’émancipation, ne s’y trompe pas.
Wizkid n’est pas seulement un produit de son temps, il est aussi un acteur de transformation. Il ne reproduit pas l’image de l’Afrique, il la recrée, la projette, la revendique.
Et dans cette Afrique qui rêve encore parfois en portugais, en français ou en anglais, il nous offre une vision où l’on peut enfin rêver en yoruba, en pidgin, ou simplement… en Afrique.