Toute l’œuvre de Ndoye Douts est ancrée à Dakar, la ville aux constants embouteillages, aux voitures aussi nombreuses que les hommes. Les bras démesurés de ses personnages moulinent à tous les vents, ouverts aux autres comme au changement, en quête de fraternité. Dans ses toiles, les immeubles se superposent. Le rythme et le chant sont là, tel un morceau de Miles Davis, de Youssou N’Dour, ou du Reggae de PuppaLëkSèn. Les bateaux partent à la pêche, ou beaucoup plus loin, vers un avenir rêvé, en Europe. Les mosquées appellent à la prière, on court dans tous les sens: c’est la course à l’espoir. On suffoque, on klaxonne, on crie. A quel dieu se vouer ?
Depuis 20 ans, Ndoye Douts explore Dakar et ses faubourgs populaires: la Médina, Gueule tapée, Pikine ou Colobane. En 2005, déjà, il présentait un étonnant film d’animation dans le cadre d’«Africa Remix» au Centre Pompidou : «Train-train Médina». L’urbain est son terrain de prédilection. Mais là où, chez Basquiat ou Dubuffet, les voitures roulent vers l’accident, chez Douts, elles tournent en une belle valse ininterrompue, où prennent place les hommes, les moutons, les charrettes, les barques et les poissons.
Ndoye est un humaniste qui se ressource en permanence dans le royaume de l’enfance. Au commencement était aussi l’exil. Revenu d’un long séjour en France, il reprend enfin place au cœur de Dakar et de son rythme, de ses rites, ses amitiés, sa vie. Musique visuelle complète, son œuvre impressionne l’œil et l’esprit, en une multitude de petits chocs de lignes et de couleurs. La réalité est rythme, elle est musique, elle est danse. Douts y prend part et célèbre la fraternité. Comme chez Paul Klee, sa peinture évoque la polyphonie, avec des compositions visuelles subtiles, en plusieurs voix simultanées, dont chacune possède sa dynamique propre, mais qui, réunies, créent une harmonie d’ensemble, une énergie irrésistible.
Depuis plusieurs années, Ndoye Douts explore les matériaux les plus divers. L’exposition présentera ainsi de grands dessins sur papier kraft froissé, entre mer et terre…
Baba Yaga